Valérie Mréjen a puisé dans les fonds d’archives de l’IMEC (Institut Mémoires de l’Edition Contemporaine) pour concevoir l’exposition Soustraction en quatre espaces.

Au mur de gauche en entrant, des assemblages d’archives, en séries, présentées sous verre : des cartes de visite, des photographies de vacances, des photographies de classe, des cartes postales, etc. De petits éléments soustraits aux cartons d’archives de l’IMEC, dont sont généralement extraits des brouillons et des carnets d’écrivain : on y trouvera une carte orange de Jacques Derrida, des cartes de visite de Marc Augé, Julia Kristeva, Edouard Herriot ou encore de l’évêque de Rodez, des photographies de Roland Barthes dans ses classes de lycée.

Au mur de droite, faisant face aux archives, des découpages, recadrages, agrandissements d’extraits de ces archives, soustraits à leur collection ou à leur image d’origine. Une légende de quelques phrases ponctuant chacune de ces grandes images murales les assemble en un récit nouveau, énigmatique (« on disait qu’elle avait quitté son village un beau matin et qu’elle était partie seule à pied » …)

Au centre, quelques vitrines rassemblent des objets de la vie quotidienne des auteurs, semblables à ceux de la vie de tout un chacun : des carnets, mais pas des carnets d’écriture ou de recherche, plutôt des carnets de rendez-vous, des albums de photos de famille, des listes, des cartes de jeux, des fleurs séchées, etc.

Au fond, trois films sont présentés. Sorte de diaporamas accompagnés pour deux d’entre eux de textes lus par Claire Paulhan, ils recomposent d’une autre manière encore des fragments de ces archives. Des cartes postales apparaissent en même temps que sont lus dans le désordre les messages initialement écrits à leur verso. De sorte que ces décalages produisent des récits inédits.

Valérie Mréjen en parle ainsi sur le site de l’IMEC :

Le principe de la carte blanche de l’IMEC est de consulter plusieurs fonds, de mener une exploration assez libre et changeante. Les choses viennent donc à vous de façon inattendue. L’exposition s’appelle Soustraction à cause du choix effectué parmi ces archives, du geste qui consiste à soustraire quelques pièces de leur fonds d’origine pour un temps limité. Archives elles-mêmes soustraites à nos regards puisque conservées dans ces chemises, pochettes, boîtes, rayonnages, armoires dans les sous-sols à basse température. C’est également soustraire que recadrer, choisir un morceau de l’image, une seule photo parmi tout un album, un visage ou plusieurs dans les rangs d’une classe alignée. Imaginer une exposition à partir d’archives, c’est pratiquer une extraction lente et patiente parmi une somme de documents. URL : https://www.imec-archives.com/agenda/exposition-soustraction/

Ce qui frappe, c’est l’image d’une infinité de combinaisons possibles de géographies familières, engendrée à partir d’archives minuscules. Familières, c’est-à-dire ni tout à fait du quotidien, ni tout à fait hors de ce quotidien. Les cartes de visite, les cartes postales, les photographies de classe font trace d’événements de la vie sociale et personnelle qui peuvent avoir marquer celles/ceux qu’elles représentent et qu’elles ont relié. Mais d’avoir été gardées, regardées, elles en acquièrent une forme de vie propre, sorte de témoins, d’accompagnatrices au long cours des existences, qui  ne renvoient pas pour autant aux routines journalières. Soustrayant, extrayant, réagençant, décalant, recadrant tout ce matériau,Valérie Mréjen fabrique mille et une géographies aussi inédites que déjà familières aux spectateurs/trices. 

L’exposition a lieu du 18 octobre 2019 au 16 février 2020, à l’IMEC, abbaye d’Ardenne, 14280 Saint-Germain-la-Blanche-Herbe

Pour en savoir plus :

Reportage de FR3 Normandie sur l’exposition : https://www.youtube.com/watch?v=LRc9X5nfeqM

Sur Arte, dans l’atelier A : Valérie Mrejen Portraits filmés : https://www.arte.tv/fr/videos/057123-023-A/valerie-mrejen/

Sur le site de la galerie Anne-Sarah Bénichou : http://annesarahbenichou.com/fr/artistes/oeuvres/2545/valerie-mrejen#oeuv-3

Et le site de Valérie Mréjean, avec de nombreuses œuvres vidéo accessibles : https://valeriemrejen.com/folio/

IMEC1
L’affiche de Soustraction de Valérie Mréjen sur le mur d’enceinte de l’abbaye d’Ardenne (photographie : Jean-François Thémines, 20 octobre 2019)
IMEC2
Une vue de l’exposition (portion du mur de droite en entrant)

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