De vignes en mines à Marcillac-Vallon

Le hasard d’une promenade après le repas du midi au Relais de Marcillac nous met sur la piste du passé minier d’un bourg aujourd’hui plus connu pour son vignoble AOChttps://www.vigneronsduvallon.com/fr/.  

Sur le tour de ville, nous avions vu que les marquages au sol des places de parking sont en métal. Sans doute coûteux, assurément originaux, plutôt agréables à l’œil car répondant aux tons ocre rouge des grès et des marnes teintées par l’oxyde de fer du Vallon, ces marquages ne nous avaient pas semblé devoir renvoyer à un passé local.

Decazeville n’est pas loin, ni Firmi, Aubin et Cransac, le bassin minier voisin, aujourd’hui disparu. Mais Marcillac n’est pas Decazeville.

Les paysages du Vallon ou Rougier de Marcillac sont plutôt marqués par l’activité viticole. Même si des pans de coteaux ont été boisés, que d’autres sont laissés en herbe prolongeant le causse qui les surplombe et que d’autres encore sont ravinés, le vignoble s’étage sur des portions de terrasses restaurées.

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le bourg de Marcillac, 17 juillet 2020 (photographie : Jean-François Thémines)

En ville, sur le monument, le personnage pleurant les morts de la Première Guerre mondiale est un vigneron, pas un soldat.

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Le monument aux morts de Marcillac, sculpteur : Joseph Malet (1873-1946). Photographie : Jean-François Thémines

En tournant sur une petite route à droite dans la montée de la Vayssière, après deux cents mètres, sur la gauche, un particulier a accumulé et recyclé des objets produits pour l’activité métallurgique et minière. Le portail du terrain est monté sur des roues de matériel ferroviaire. Plusieurs wagonnets de mine agrémentent les abords du pavillon. Et, au bord de la route, cette locomotive âgée d’un siècle tout juste, qui a travaillé pour Cockerill à Seraing (Liège).

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La locomotive de Cockerill (photographie : Jean-François Thémines). Les débuts de l’exploitation minière des bassins de Décazeville et de Liège-Seraing sont contemporains, dans la deuxième décennie du XIXe siècle.

 

De l’autre côté de la route, démarre le viaduc dit du Pont Rouge (1855-1856) qui est le reste le plus visible d’une activité minière dont Marcillac fut un maillon pour le transport du minerai de fer. Il se parcourt désormais à pied ou à vélo. Le voici depuis l’une de ses deux entrées.

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Le Pont Rouge (photographie : Jean-François Thémines)

 

Du haut de ce viaduc (150 mètres de long, 15 arches) que nous avions déjà vu dans le restaurant, motif principal d’une vieille carte postale agrandie, on voit le bourg de pierres rouges et de lauzes.

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A d’autres saisons aux lumières moins brutales, il est lui-même un bel objet de photographies (voir ci-dessous, sur une des deux photographies du viaduc, la plaque mentionnant François Cabrol, le directeur des usines de Decazeville).

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photographies issues du site Ferrobase.fr 

Ce viaduc est la trace d’un système de transfert de minerai de fer extrait sur le Causse Comtal, au Nord de Rodez, pour être utilisé pour la production de fonte à la houille à Firmy et Décazeville. Lorsque le duc Decazes fonde l’activité métallurgique du bassin, sa société obtient une concession à Mondalazac et à Solsac, sur le causse Comtal. Pour acheminer le minerai qui en est extrait (2,4 millions de tonnes estimées en un siècle), de 1826 à 1856, la société utilise des chevaux. Puis elle met en place une voie de chemin de fer de 66 cm de Marcillac à Decazeville. C’est en effet à Marcillac, au pied du causse, qu’est implantée la gare minière où est chargé le minerai qui part ainsi vers les hauts fourneaux.

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Extrait de carte issu de : http://www.inventaires-ferroviaires.fr/hd12/12016.a.pdf 

Néanmoins celui-ci est encore transporté depuis Mondalazac par des convois de chevaux qui progressent péniblement sur les pentes du causse. Ils sont remplacés en 1911 par un chemin de fer aérien : un transport par wagonnets sur système bi-câbles, les wagonnets descendant pleins fournissant l’énergie nécessaire pour remonter les vides. Ce chemin de fer aérien fonctionne pendant dix ans jusqu’à sa fermeture définitive. On a une idée de ce système sur la carte postale ci-dessous de la gare minière de Marcillac.

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Reproduction issue du site Ferrobase.fr

Du hasard d’une promenade à une rapide revue de travaux en ligne, commence ainsi à rectifier l’image trop simple que l’on s’était faite d’une campagne viticole et de son histoire.

Pour en savoir (beaucoup) plus sur l’histoire métallurgique du Vallon :

Une plaquette réalisée par Jean Rudelle, auteur de Carnet de route, la route du fer en Aveyron du causse aux usines : http://www.zapgillou.fr/mondalazac/articleweb/plaquette-2011.pdf

Sur le site des Journées européennes du patrimoine 2018 :  http://www.zapgillou.fr/mondalazac/articleweb/patrimoine-2015.html#rouergue

Une suggestion de promenade de patrimoine ferroviaire : http://www.inventaires-ferroviaires.fr/hd12/12016.a.pdf 

Et une abondance de documents sur le site ferrobase.fr : http://www.zapgillou.fr/mondalazac/oe/

Une réponse à « De vignes en mines à Marcillac-Vallon »

  1. Avatar de Olivié

    Bonjour,
    Je tombe ce jour sur votre article sur Marcillac. Je suis l’amateur de chemin de fer qui conserve du matériel ferroviaire dont les deux locomotives en photo. La machine à vapeur de marque Cockerill et le locotracteur Diesel Deutz (fonctionnel). Ces deux engins moteur sont à l’écartement standard 1,435 et n’ont rien à voir avec le transport du minerai de fer local.
    Je suis membre actif du CFT Haut Quercy dans les Lot qui exploite des locos vapeur sur une ligne (privative) exceptionnelle.
    Cordialement
    Bernard Olivié

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