L’exposition Les villes ardentes. Art, travail, révolte 1870-1914 explore les représentations artistiques des rapports entre ville et travail de la Commune de Paris au début de la Première Guerre mondiale. Organisée dans le cadre de Normandie impressionniste 2020, elle montre des transformations paysagères, autres que celles produites par les transports, les loisirs et le tourisme, aux représentations desquelles nous sommes accoutumés chez les peintres impressionnistes et post-impressionnistes. Mais l’éventail des oeuvres dépasse largement les productions impressionnistes, notamment avec le dessin de presse syndicale.
Le dispositif fait entrer progressivement dans le sujet du travail. Si le début de l’exposition nous amène vers lui avec des tableaux représentant le surgissement de la « grande » industrie, concentrée spatialement (et l’invention des paysages industriels urbains), la suite nous conduit dans les espaces du travail : les chantiers urbains, les quais des grands ports de commerce, mais aussi le filage à domicile, le repassage dans les combles des maisons bourgeoises. Le parcours de l’exposition se termine sur les mouvements sociaux et la lutte pour la mise en place d’un droit du travail, et l’iconographie artistique de cette lutte (revues syndicales et satiriques, affiches, etc.).
On peut se laisser guider par les représentations du travail, des corps au travail, aux prises avec les éléments et la matière dans un espace urbain en transformations. La représentation de l’effort, des pliures et des marques du travail sur le corps, des postures dans un espace qui se verticalise est un sujet que les artistes abordent finalement mieux dans les dessins, les aquarelles et les rares esquisses modelées présentes, que dans les tableaux « achevés ».
J’ai retenu trois exemples de ces approches de postures au travail :
Des figurines d’argile de Jules Dalou (1838-1902), sculpteur, Communard un temps exilé en Angleterre, auteur d’un Triomphe de la République commandé par la municipalité de Paris. Il travaille dans les dernières années de sa vie à un projet de Monument aux Travailleurs, dont il reste entre autres ces petites figurines.

De nombreux dessins et aquarelles de Gaston Prunier (1863-1927) réalisés sur les docks du Havre (déchargement de charbon, de coton) ou dans les chantiers urbains. L’exposition présente entre autres des pages de carnets, dont celle-ci, associant des silhouettes d’ouvriers et d’échafaudages (vers 1900)

Deux encres de chine, fusain et aquarelle de Frantisek Kupka (1871-1957), dont ces Couvreurs sur les toits de Paris. Une représentation de la ville commerciale (au premier plan) et industrielle (au second plan), avec ouvriers accrochés entre ciel obscurci et rues encombrées.

Pour en savoir plus :
sur l’exposition : https://mba.caen.fr/exposition/les-villes-ardentes
sur Jules Dalou :
- une fiche des collections du Musée d’Orsay https://www.musee-orsay.fr/fr/collections/oeuvres-commentees/recherche/commentaire_id/grand-paysan-7063.html?no_cache=1
- La présentation d’une exposition qui a eu lieu à Nogent-Sur-Seine en 2020 : Les Sculpteurs du travail – Meunier, Dalou, Rodin… http://www.museecamilleclaudel.fr/fr/agenda/les-sculpteurs-du-travail-meunier-dalou-rodin
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