Le film documentaire La Saison des tourteaux a été réalisé en 2020 par Martin Benoist. Il était au programme du Festival International du film d’éducation d’Evreux qui vient de se terminer (en ligne). Le film a été soutenu par la Fondation Valentin Haüy et coproduit avec France 3 Normandie et France 3 National. Pour voir le teaser du film : https://vimeo.com/442070516

Le film se déroule sur le temps d’une saison de pêche, la saison des tourteaux, entre avril et novembre. Nous découvrons une autre histoire que celle de l’« ancien village de pêcheurs » racontée aux touristes ou celle des peintres de la côte. On peut cependant voir dans des peintures d’Eugène Lepoittevin (1806-1970) des représentations celles et ceux qui ont précédé Christophe dans cet estran rocheux sous les falaises d’Etretat.

Eugène Le Poittevin : Pêcheurs à Etretat (1860)

Christophe est malvoyant profond depuis l’enfance. « Enfant placé », il découvre Étretat à travers la pêche à l’âge de 14 ans. Aujourd’hui, Christophe pêche « à la tâte » étrilles, tourteaux, parfois homards, dans un espace où personne ne s’aventure, devant les falaises, sur le platier. Martin Benoist, réalisateur étretatais, l’a accompagné 31 fois durant cette saison. Avec Christophe, loin des clichés, nous faisons l’expérience de ce qu’il ressent, à commencer par la beauté de ce paysage.

La caméra le suit à partir de chez lui dans ses préparatifs après la lecture des horaires de marée et de la météo, dans sa traversée d’Etretat avec canne et casier en plastique. Puis la plage, la houle, le platier, marcher à tâtons aussi, se glisser dans l’eau jusqu’à mi-corps, ramer, quelquefois plonger, suivre de la main les rugosités de la roche, reconnaître les failles, mettre le bras dans les trous à homards et à tourteaux appris depuis l’adolescence, entendre « grogner » le tourteau qui résiste, parler de ce qu’il voit, de ce qu’il entend… La caméra est souvent braquée sur le rocher, elle glisse juste au-dessus de l’eau, elle passe quelquefois sous la surface, de temps à autre, la puissante silhouette des falaises apparaît, on reconnaît vues sous des angles nouveaux l’arche et l’aiguille.

Quelques captations du film de Martin Benoist

C’est ce que le schéma essaie de résumer. Le film, lui, est magnifique et Christophe captivant à voir, mais aussi à écouter parler de sa vie, de cet espace, de son rapport aux éléments, à la lumière, de ce qu’il voit.

Pour prolonger :

Un autre film du jeune réalisateur Martin Benoist, En-quête d’un Havre, en collaboration avec Margaux Blandel-Coquet, Florian Hémont : http://culture.unicaen.fr/recherche/mrsh/forge/3730

Le platier vu par un géologue : Joël Rodet, 2013, « Karst et évolution géomorphologique de la côte crayeuse à falaises de la manche. l’exemple du massif d’aval (Etretat, Normandie, France) », Quaternaire [En ligne], vol. 24/3 | URL : http://journals.openedition.org/quaternaire/6745.

L’invention d’Etretat en peinture. A propos de l’exposition « L’Invention d’Etretat, Eugène Le Poittevin et ses amis à l’aube de l’impressionnisme », Musée des pêcheries à Fécamp. https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/07/17/etretat-un-fantasme-de-peintres_6046452_3246.html

https://www.paris-normandie.fr/nos-videos/video-l-impressionnisme-en-normandie-a-fecamp-rencontre-avec-les-uvres-d-eugene-lepoittevin-JE17134915

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