Promenade au Plateau

Nous sommes ici, au bord du Plateau, à sa pointe Sud-Ouest. Sur le rebord, au-dessus de l’Orne, en aval de sa confluence avec le Biez lui-même alimenté par la Gronde. Le Plateau, c’est le nom de la cité ouvrière – l’ancienne cité ouvrière aujourd’hui – créée par la Société Métallurgique de Normandie pour loger une partie de ses ouvriers et cadres, à cheval sur les communes de Colombelles, Mondeville et Giberville. Par extension, c’est l’ensemble du site, usine, cité et tous équipements compris.

Le Plateau, c’est un panoramique possible sur l’agglomération caennaise depuis ce promontoire situé à l’Est, pour une géographie des plateaux qui la bordent.

Des vues en miroir, comme dans un estuaire (cette rive là-bas où d’autres vivent), qui jouent avec le temps – qui passe.

Le panoramique d’abord

En face : le plateau Nord de Caen (le CHU comme point de repère) et les hauteurs sur lesquelles la ville nouvelle d’Hérouville Saint-Clair s’est développée (le Château d’eau comme repère).

Photographies : Jean-François Thémines, 17 avril 2021

Sur la gauche (vers l’Ouest) : la ville, vue coupée par le viaduc de Calix. Il empêche de voir les clochers venus du Moyen-Âge (repères : l’Abbaye aux Hommes et l’Abbaye aux Dames)

Le viaduc, les clochers coupés, la station de traitement des eaux, les dépôts d’hydrocarbures, un car ferry à l’arrêt depuis l’automne 2020

Plus encore vers la gauche (on se tourne vers le Sud-Ouest), la plaine (le plateau) au Sud de Caen. Silhouettes de hauts immeubles de la Demi-Lune et de la Guérinière (repère : l’immeuble de la place de la Demi-Lune). L’extension urbaine des années 1950.

Et sur la droite (vers le Nord), échappée sur l’aval, un peu des plateaux qui séparent Caen du littoral.

Le site de l’ancien port de la SMN, le canal au loin, un autre navire à l’arrêt depuis l’automne 2020

En contrebas, l’Orne, au pied du Plateau. Un peu plus loin le canal de Caen à la mer, ouvert en 1857 pour développer un trafic portuaire handicapé par les conditions de navigation sur le fleuve.

Mais il y a aussi un paysage en arrière. On peut faire un tour complet.

Derrière : le Plateau, dans son état actuel. A l’ancienne entrée de l’usine, une installation graphique évoque l’ancien état de site sidérurgique. Une zone non réaffectée entre le rebord du plateau, la tour réfrigérante vestige de l’usine et le campus technologique NXP ouvert en 2006.

Les vues en miroir à travers le temps

En face, Hérouville sort de terre sur un plateau jusqu’alors agricole. Rémy Le Caisne et Mark Biass en sont les architectes. Mark Biass esquisse à nouveau le plan de la ville nouvelle pour les besoins d’un film promotionnel : Hérouville sous attend.

D’Hérouville, on voit, jusqu’à son démantèlement à partir de 1993, la Société Métallurgique de Normandie (SMN). Sur ces photographies, le centre d’Hérouville est en construction (la Citadelle Douce).

La SMN est elle-même installée depuis 1917 sur un plateau d’où le photographe peut la faire apparaître au-dessus des blés et en arrière des vaches, devant la cité.

Jusqu’à 6 000 ouvriers y travaillent, avec une production qui culmine à 1 million de tonnes, dont une bonne partie exportée par le port, en contrebas.

Nous sommes ici en bordure de cet ancien site de grande industrie.

D’ici, on a vu aussi, sur le rebord de la plaine (plateau) de Caen au Sud, pousser les immeubles des années 1950-1960. Le grand immeuble de la place de la Demi-Lune ci-dessous comme un fanal. Et en arrière, pas loin, la Guérinière déjà sortie de terre.

Le grand immeuble de la place de la Demi-Lune : c’est lui dont on aperçoit la silhouette vers le Sud depuis le Plateau
La Guérinière, Ifs

C’est une géographie de plateaux qui ne cessent de se voir changer.

Ci-dessous : sur la carte d’état-major, juste le hameau de Clopée, pas encore de canal de Caen à la mer. Sur la photographie aérienne (un peu avant 1960), l’usine bien sûr. En face, pas d’Hérouville, pas de CHU ; c’est le quartier de La Pierre Heuzé à Caen, de l’autre côté du périphérique qui n’est pas encore tracé que l’on voit marquer le sol. Aujourd’hui (mai 2020), le site de l’usine s’est vidé alors que le plateau en arrière s’est densifié en zones d’activités et pavillonnaires. De l’autre côté, le plateau est pleinement urbanisé. Le CHU est en restructuration jusqu’en 2026.  

Il faut juste un endroit pour venir voir ces plateaux « bouger », comme ici (les cercles orangés sur les trois images ci-dessus). Et quelqu’un pour les faire dialoguer, comme lors de notre promenade et avec le secours de quelques images glanées ici et là.

Pour aller plus loin 

Sur les mutations du site de la SMN, les ressources sont nombreuses. Mais voici des liens avec des articles de Stéphane Valognes (sociologue, Université de Caen Normandie, laboratoire ESO) :

Stephane Valognes, 2004, De l’espace usinier aux nouveaux territoires urbains, Strates, n°11. URL : https://journals.openedition.org/strates/408

Stéphane Valognes, 2014, Métamorphoses du capital et résurgences mémorielles : la patrimonialisation impossible de la Société Métallurgique de Normandie », L’Homme & la Société, n° 192). URL : https://www.cairn.info/revue-l-homme-et-la-societe-2014-2-page-69.htm

Et un diaporama sur le site de la Région Normandie : https://expositions-virtuelles.normandie.fr/alusine/diaporama-la-soci%c3%a9t%c3%a9-m%c3%a9tallurgique-de-normandie.html

Sur le CHU comme patrimoine architectural 

Léo Noyer-Duplaix, 2017,  « L’hôpital-paquebot » d’Henry Bernard », In Situ, n°31, URL : https://journals.openedition.org/insitu/13998

Sur l’histoire urbanistique et sociale d’un des quartiers du Sud de Caen, la Guérinière 

Pierre Bergel, 2000, Régénération urbaine de la ville, images de la ville, dynamiques sociales : La Guérinière, un grand ensemble caennais. Études Normandes, n°4, Habitat social et Régénération urbaine. https://www.persee.fr/doc/etnor_0014-2158_2000_num_49_4_1382

Sur Hérouville Saint-Clair 

Un extrait du film de promotion : Hérouville Saint-Clair vous attend, de Gérard Rénateau (1967). URL : https://www.cimalpes.fr/Films-de-montagne-H%C3%A9rouville-Saint-Clair-vous-attend-752-1533-0-0.html?

Et un article d’Anne-Laure LE GUERN et Jean-François THEMINES, 2011, Apprendre de l’ordinaire urbain à différents âges de la vie (Colloque international de didactiques de l’histoire, de la géographie et de l’éducation à la citoyenneté, Lyon). Téléchargeable : https://www.researchgate.net/publication/333943826_Apprendre_de_l’ordinaire_urbain_a_differents_ages_de_la_vie_In_Caroline_Leininger-Frezal_Angelina_Ogier_Sylvain_Genevois_coord_Que_valent_les_apprentissages_en_histoire_geographie_et_education_a_la_ci/references

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