C’est une promenade de début d’été, une heure et demie de parcours pour un dénivelé de 90 mètres entre le bourg d’Alvignac et la Source Salmière à mi-chemin avec Miers.

Le Pavillon des Eaux (photographie : Jean-François Thémines, 11 juillet 2021

Cette promenade combine trois géographies de l’eau :   

celle d’une eau vitale qui structure l’espace des pays où elle est rare. Autour d’Alvignac, élément de la bordure du Massif central appelée Limargue, en bordure des Causses, le sol marneux regorge d’eau, des sources apparaissent, des ruisselets courent le long des pentes (voir extrait de carte hydrogéologique géologique ci-dessous)

Cette eau affleurante s’accompagne d’une architecture hydraulique paysanne de pierres sèches, de marnes et d’argile : lavoirs, fontaines, rus et petits ponts. Le tout s’étage aujourd’hui à l’ombre de grands arbres oubliés, des chevreuils s’y rencontrent quelquefois ; les troupeaux de moutons sont cantonnés au fond de la vallée. Les promeneurs sont plus nombreux que les agriculteurs aujourd’hui à profiter (visuellement) de ces édifices (voir ci-dessous : un lavoir en contrebas du bourg d’Alvignac, une dalle de pierre permettant de traverser l’un des ruisseaux et un des chemins ceux remontant de la vallée au bourg).

 2° celle d’une eau curative à l’origine de l’exploitation de la source Salmière dans la vallée du ruisseau de Cazelle. Les propriétés purgatives de cette eau sont mises en évidence dès le XVIIe siècle, puis conseillées par le Docteur Lieutaud, médecin de Louis XVI. Elles sont exploitées par un tourisme de cure, destinés aux classes bourgeoises urbaines. Il demeure de cette période l’exceptionnel Pavillon des Eaux, construit entre 1904 et 1906 (voir photographie en tête d’article) en utilisant une technique de béton à voile mince. Cette technique autorise les formes souples et aérées de ce pavillon dont la coupole évoque une pagode. Au centre sous la coupole, la reproduction d’une statue d’Antonio Canova représentant la déesse Hébé domine un espace circulaire aux parois de mosaïque permettant aux curistes de ranger leurs tasses (on devine encore les numéros des portants de ces tasses) lorsqu’ils viennent déguster l’eau de la source.

De cette époque, datent aussi de grands hôtels fermés ou en vente qui donnaient à la station d’Alvignac-Miers des allures de « Carlsbad français ».

L’iconographie féminine emprunte à l’antique tout en le relevant d’une pointe d’érotisme. La plus célèbre figure est La Source peinte par Henri Gervex (1852-1929) formé à l’atelier d’Alexandre Cabanel.et élève d’Eugène Fromentin Cette peinture est reprise sur les affiches qui promeuvent la station que le chemin de fer d’Orléans rend accessible aux bourgeois parisiens.

D’autres outils de promotion mettent également en valeur, déjà, la qualité de vie et de nourriture dans la région.

Cette eau curative est aujourd’hui commercialisée sous la marque Alvina (voir https://eau-alvina.fr/).

celle de l’eau récréative, héritière pour partie de la précédente. Mais elle combine aux restes patrimonialisés de la période des cures (le Pavillon des Eaux a été réhabilité après une période d’abandon et a retrouvé ses verrières de couleur ambre et ses motifs géométriques), certains atouts valorisés dans le cadre de loisirs de proximité. Le lac de la Source est un but de détente pour les pêcheurs, pour les promeneurs des dimanches après-midi familiaux. Il dispose aussi depuis quelques années d’un restaurant avec ponton « Au fil de l’eau ».

La promenade de début d’été relie ces géographies de l’eau paysanne, curative bourgeoise et récréative populaire.

Si les eaux médicinales des bourgeois ont produit une abondante iconographie, celles des chemins creux et des lavoirs, des promenades et des dimanches après-midi ne manquent pas d’en produire une, moins patrimonialisée, mais pas sans références : celle des déjeuners sur l’heure et des guinguettes, celle aussi d’un tourisme vert qui s’institutionnalise.  

Pour en savoir plus

sur les enjeux économiques actuels qui relient la question de savoir d’où viennent les eaux exploitées par le SIVU Miers-Alvignac, propriétaire et gestionnaire du site thermal de la source Salmière, à celle du droit de son exploitation et de la valorisation du site :

https://actu.fr/occitanie/alvignac_46003/station-thermale-miers-alvignac-dans-lot-source-salmiere-sont-menteurs_27013903.html

sur la promotion/revalorisation du site dans le cadre politique du développement durable : http://alvignac.solicms.com/fr/-/agenda-21-demarche-de-developpement-durable

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