Le chemin des chèvres, c’est se frayer un passage dans les bordures d’une ville ou d’un bourg.

La bordure de la ville, avant le périurbain, dans le périmètre des anciens faubourgs,

Plus précisément dans les interstices entre ville et faubourgs ou recoupant ces interstices, au moyen de passages, de passes, de sentes un peu canalisées, consolidées.

D’un interstice et d’un passage à l’autre, on trace un parcours un peu sinueux dans le détail parce qu’il nous fait toucher tel obstacle, longer telle petite frontière, mais il permet de faire une boucle.  

On n’est jamais dans un espace plein d’une seule chose, mais on entend les espaces pleins d’une seule chose : des voitures, des immeubles, une fête foraine, un espace vert. Quelquefois, on les aperçoit.

C’est divers et bancal ; cela fonctionne par raccords hasardeux, mais semble pouvoir nous amener à des évitements sans fin des espaces pleins. Et on y pense aisément à avant, avant la construction de ce qui fait obstacle, limite, frontière.

C’est le contraire du tour pour « réviser sa ville ».

Ce tour des chèvres sort de la « ville pleine » de Caen par l’ouest à hauteur des coteaux, d’où l’on descend vers la Prairie, mais sans l’atteindre.

On tourne à droite pour longer la falaise et passons devant deux chèvres – en fait une chèvre et un bouc – qui y font un peu d’escalade, sous les maisons bourgeoises de la fin du XIXe siècle.

Chemin de traverse cependant bitumé le long de la voie ferrée (Caen-Cherbourg) qui fait ici une frontière depuis 1858, date à laquelle la ligne Paris-Caen a été prolongée jusqu’à Cherbourg.

Le « chemin des chèvres » longeant le chemin de fer

Ce prolongement, doublé en 1870, traverse « ce faubourg de Vaucelles [comme] la trouée d’un boulet de canon ; ce ne sont, des deux côtés de la voie, que maisons ouvertes, pans de murs renversés et jardins coupés en deux » (Henri Nicolle).

Quand le Paris Cherbourg perçant Vaucelles était une ligne transatlantique

Franchissement de la voie ferrée par une passerelle. D’un côté Vaucelles et en contrebas le Caen de la Reconstruction. La ville de la voiture, encore aujourd’hui (voir carte postale plus loin). De l’autre, la campagne semble-t-il tout de suite, dans le prolongement de la Prairie.

Le Caen de la voiture au pont de Vaucelles il y a cinquante ans

C’est la foire de Pâques, on aperçoit la colonne surmontée d’un « king kong » qui la signale à la ronde.

Depuis la passerelle, l’ancien faubourg (rue de l’Arquette), la Prairie en arrière, l’Orne entre deux et au fond la foire de Pâques

La passerelle permet d’atteindre le faubourg de Vaucelles dans les arrières duquel nous passons par la venelle de l’Orne. L’Orne nous sépare de la Prairie où courent et se promènent les Caennais, enfin une partie d’entre elles et eux. Ici, la glycine déborde au-dessus des pavés dans ce qui a été le port de Caen

Il est alors temps de rentrer dans la ville pleine. Elle a été une campagne (voir cet extrait de l’Atlas de Trudaine, XVIIIe siècle).

Vaucelles forme alors la totalité de la ville de Caen sur la rive droite de l’Orne ; la promenade se déroule au pied du coteau représenté ici en haut à droite (on distingue aisément le cours de l’Orne et ce qui deviendra ultérieurement la Prairie)

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