Parenthèse d’un séminaire de lecture/écriture collective à Argol. Faire Université dehors, dit Claire.
Une promenade en finisterre.
Finisterre : bout du monde, lieu où « finit » la terre par rapport à une direction d’origine, comme certaines péninsules européennes par rapport aux envahisseurs de l’Est […] (Roger Brunet et al., 1992, Les mots de la géographie, RECLUS/La Documentation française)

Quelques vues pour évoquer des propriétés d’un finisterre, en Finistère, Presqu’île de Crozon (Penn Ar Bed)
L’enchâssement des fins (ou des commencements, tout dépend d’où l’on vient). En finisterre, toujours la fin s’enchâsse dans une autre. Chaque contour de rocher en contrebas du sentier (voir ci-dessous) s’enchâsse dans un des caps de la presqu’île, elle-même enchâssée dans la péninsule bretonne, elle-même emboîtée dans une péninsule européenne en avant du continent asiatique (cette péninsule que l’on mesure en géomètre et qui est quand même un continent au centre du monde dans de vieux manuels scolaires). Ainsi, venant de Sibérie, une fois passé l’Oural, déjà pressentirait-on Argol ?



L’échine sur laquelle nous marchons : une colonne vertébrale, une ossature ; mais aussi une carapace exposée à d’âpres climats (le vent, le sel) (voir ci-dessous).


L’échine se démultiplie en arêtes quasi-parallèles et en îlots alignés. A l’arrière, l’échine supporte les hautes terres armoricaines : le Menez Hom qui surplombe la presqu’île (voir ci-dessous).

Plus loin les hauteurs d’Avranches, au pied desquelles nous passerons pour rentrer en Normandie. Plus loin encore, jusqu’aux confins du Perche, les longues crêtes des massifs forestiers d’Andaine et d’Ecouves – Pour qui vient de Paris et des campagnes sereines, Ecouves se présente comme le premier bastion redoutable d’un autre monde (Armand Frémont, 1973).
L’avers et le revers : où est le bout du monde ? On ne sait jamais bien. Est-ce ici, devant nous : nous avons l’embarras du choix, le Raz que l’on devine vers le Sud ou bien les Tas de Pois à la Pointe de Pen Hir vers le Nord ?
Ou est-ce là, derrière l’« ici » de tout à l’heure ? L’autre face de la médaille. Ce cimetière de bâtiments de la Marine nationale endormis dans la dernière boucle de l’Aulne, au revers de Landévennec ? Ou bien ces bocages qui se terminent (ou commencent) une fois tourné le dos au rivage, terres d’enclos et paysages fermés ?


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