écritures géographiques

Dimanche 19 juin. Promenade du matin dans Aix-en-Provence, beau soleil. Il fera 35 degrés en fin d’après-midi.

Apercevoir Cézanne lorsque la lumière vive découpe des formes autres que celle des objets sur lesquels se projettent les rayons du soleil. A distance des parcours et lieux mémoriels. Un coin de rue le long du cours Mirabeau, une fontaine, un mur de la rue Mazarine (voir ci-dessous).

Ou encore dans des vues architecturées et légèrement basculées comme ses tableaux des années 1885-1887. Par exemple cette vue de la place Miollis anciennement la Plateforme où passe ce matin un vent tiède d’arrière-pays (voir ci-dessous).

Imaginer Cézanne dans le train pour Marseille : « En allant à Marseille, je me suis accompagné avec monsieur Gibert. Ces gens-là voient bien, mais ils ont des yeux de professeurs. En passant par le chemin de fer près la campagne d’Alexis, un motif étourdissant se développe du côté du levant : Sainte-Victoire et les roches qui dominent Beaurecueil. J’ai dit : « quel beau motif » ; il a répondu : les lignes se balancent trop », écrit Paul Cézanne dans une lettre à Emile Zola 14 avril 1878.

La montagne devient ce qu’elle sera dans son œuvre avec cette expérience du mouvement en train. Il la représente d’ailleurs dans un tableau l’associant à la Tranchée du chemin de fer vers 1870.

Pour l’heure, nous apercevons la Sainte-Victoire à l’arrêt depuis la gare TGV d’Aix.

Mais notre voyage en TGV nous permettra de voir se lever d’autres motifs loin d’Aix. Voici quelques exemples non situés tirés de cet exercice de prélèvement en travelling accéléré.

Le train d’Aix à Marseille pris en 1878 recoupe une histoire des représentations picturales de la Montagne Sainte-Victoire. C’est aussi cette histoire qui lui permet de devenir le sujet principal d’une quarantaine de tableaux et aquarelles de Cézanne. Ou comment rencontrer Cézanne dans l’histoire visuelle des rapports entre la ville d’Aix et son environnement.

Voir ci-dessous successivement :

• la « Carte » de la chartreuse d’Aix. Monastère de la Grande-Chartreuse, cliché Musée Dauphinois, Grenoble, publié avec l’autorisation du R. P. général de l’ordre (fin XVIIe siècle)
• Jean-Antoine Constantin d’Aix (1756-1844) : Femmes fuyant devant un serpent.
• François-Marius Granet (1775-1849) : La Montagne Sainte-Victoire vue d’une cour de ferme, au Malvallat
• Paul Camille Guigou (1834-1871) : La Montagne Sainte-Victoire aux abords d’Aix-En-Provence.

Pour aller plus loin :

Prendre le train pour « voir se lever le motif »

Consulter le site de la Société Cézanne : https://www.societe-cezanne.fr/