Anne-Laure LE GUERN et Jean-François THEMINES, 2023, La géographie parmi les sciences du travail : la centralité du travail en perspectives », Carnets de géographes [En ligne], 17 | 2023, URL : http://journals.openedition.org/cdg/8941

Table de travail d’étudiant-es, Master MEEF histoire-géographie, 6 novembre 2023 (photographie : Jean-François Thémines)

Introduction

Prendre acte de la centralité du travail dans nos vies est une étape importante en vue d’une contribution de la géographie aux sciences du travail (Blanchard, Estebanez et Ripoll, 2021 ; Chapuis, Estebanez et Ripoll, 2022). Dire la centralité du travail, c’est non seulement considérer une géographie de positions sociales déterminées par des rapports de production, mais c’est aussi envisager une géographie des relations que chacun établit avec la matière et avec autrui, humain et non humain. Le travail est central parce qu’il constitue nos subjectivités, il nous change et nous transforme ; le travail est d’abord transformation.

De cette caractéristique fortement posée par certaines des spécialités constitutives des études sur le travail en langue française (psychodynamique du travail, clinique de l’activité, médecine du travail), les géographes n’ont en général pas encore pris la pleine mesure. Mais il est aussi juste de dire que ces spécialités n’ont pas accordé toute l’attention possible à la dimension spatiale du travail ainsi compris, la rencontrant sans pour autant la thématiser (Thémines et Le Guern, 2014). En somme, l’impératif d’ « analyse de la dimension spatiale du travail dans toutes ses facettes » (Chapuis, Estebanez et Ripoll, 2022) nous invite à un ou des dialogues entre des voix qui ne se sont, jusqu’à présent, guère adressées les unes aux autres.

Ce sont les éléments d’un de ces dialogues possibles que nous nous proposons de nouer ici. Tout d’abord, en rappelant ce que sont le travail et la thèse de la centralité du travail du point de vue des sciences qui structurent ce champ d’études. Il ressort de cet examen que les spécialisations disciplinaires invitent, implicitement, à poursuivre l’exploration de l’inépuisable centralité du travail. Une investigation de sa dimension spatiale est donc théoriquement possible. Des jalons peuvent alors être posés : nous le ferons à partir de proximités méthodologiques entre géographie et autres spécialités et en rappelant qu’il est alors nécessaire de prendre en compte quelques enjeux majeurs de l’analyse du travail, quel qu’en soit le prisme disciplinaire ou dimensionnel. Certains jalons ont du reste déjà été partiellement posés comme nous le montrerons brièvement à partir de quelques travaux repérés en géographie sociale […]

La suite de l’article est à retrouver dans le numéro 17 de Carnets de géographes : Géographies du travail, sous la direction de Amandine Chapuis, Jean Estebanez, Fabrice Ripoll et Jean Rivière : https://doi.org/10.4000/cdg.8598

Au sommaire de ce riche numéro

Carnets de débats

  • Fabrice Ripoll : Une géographie du travail en pointillé ? Quelques points de repère historiques sur les approches du travail et des travailleurs et travailleuses en France
  • Andrew Herod, Amandine Chapuis et Fabrice Ripoll : Traduction française de Andrew Herod, « From a geography of labor to a labor geography: labor’s spatial fix and the geography of capitalism » (Antipode, 1997) 
  • Danièle Kergoat et Amandine Chapuis : Entretien avec Danièle Kergoat 
  • Anne-Laure Le Guern et Jean-François Thémines : La géographie parmi les sciences du travail : la centralité du travail en perspectives

Carnets de recherches

  • Sandrine Petit, Marie-Hélène Vergote, Juliette Young et Gabrielle Henrion : Éleveur face au changement climatique, un travail qui devient précaire
  • Pétronille Rème-Harnay : Organisation spatiale du travail et précarité des chauffeurs-livreurs 
  • Claire Burban : La dimension spatiale du travail des livreurs des plateformes 
  • Sébastien Jacquot et Marie Morelle : Réparer dans la rue – La mécanique informelle dans les périphéries du Grand Paris 
  • Clément Dillenseger : Agir pour l’environnement… Oui, mais lequel ?
  • Marguerite Valcin : L’appropriation de l’espace aux marges du dispositif de production 
  • Hannah Berns : Des quotidiens faits de travail et de « bons plans » 
  • Laura Durand : « Faire du domicile » à la campagne : identités professionnelles des aides à domicile pour personnes âgées dans les mondes ruraux 
  • Emily Egan : Le séjour au pair : échange culturel ou véritable travail domestique ? 
  • Patricia Lejoux, Aurore Flipo et Nathalie Ortar : Les spatialités du coworking 
  • Sophie Blanchard : Éducation prioritaire et dimension spatiale des trajectoires des enseignant·es du secondaire en Île-de-France 
  • Laura Péaud : Travail et genre des géographes 
  • Mathieu Uhel : Gérer la distance syndicale face à l’« autonomie » des Universités 

Carnets de terrains

  • Tahera Bilger : Faire de la géographie féministe à distance : retour sur un défi méthodologique 
  • Marie Lécuyer : Le port, un « monde à part ». Enquêter sur les travailleurs et travailleuses portuaires dans un monde du travail fermé (Le Havre et Felixstowe)
  • François Duchêne et David Desaleux : Ouvriers ancrés et sous-traitants nomades 

Carnets d’enseignement

  • Camille Vergnaud et Laure Péaud : “Transmettre la discipline : quelles géographies enseignées dans les cours d’introduction et les cours d’épistémologie dans le supérieur ?” Compte-rendu de deux Journées d’Etude à l’Université Grenoble Alpes les 21 et 22 novembre 2023

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