Annonce de l’exposition sur le boulevard Leroy (photographie : Anne-Laure Le Guern)

L’âge d’or, c’est d’abord le titre d’une des œuvres exposées : une immense toile de lin (290 x 860 cm) créée en 1996 pour l’hôpital l’Archet (CHU de Nice). Elle est très lumineuse et toute en nuances de jaunes, d’or, d’ocres et de safran. Elle est aussi immense. On peut s’en rapprocher pour y être tout petit, à côté.

L’âge d’or, de loin (photographies : Jean-François Thémines)
et de plus près

Pour Monique Frydman, les couleurs qu’elles a choisies sont synonymes « d’expansion, de légèreté et de dilatation. Elles sont nourricières, on pourrait les dire savoureuses et émettent une forte luminosité » (plaquette de présentation des œuvres et activités artistiques du CHU de Nice).Les variations de couleur sont aussi produites par les matériaux utilisés et le traitement qui en est fait. Le toucher (frotter, déposer, tracer, etc.) est très sensible quand on est près de la toile. C’est ce contraste entre l’immensité de la toile, son caractère mural et l’infini soin apporté à chaque parcelle dans le dépôt de la couleur qui me reste comme impression la plus forte. Et aussi, ce sentiment d’apaisement, d’être dans un halo de lumière reposante sans qu’il s’agisse pour autant de relaxation.

Dans les mêmes proportions, mais moins grande : l’Absinthe (1989). Des verts crayeux ou transparents, tirant vers le jaune ou vers le blanc… Voyage aussi dans la couleur, loin des buveurs et buveuses d’absinthe peints à la fin du XIXe siècle.

L’absinthe

L’installation In the Tangerine Space, Euphoria of colors (2022) en bambous, tarlatanes teintes, posées en plusieurs couches et miroirs au sol semble exactement faite pour l’espace central de cette exposition. Là où le musée des Beaux-Arts est d’un seul niveau, joignant le sous-sol au ciel.

L’installation
Monique Frydman
Une visiteuse

Enfin, le Polyptyque Sassetta exposé pour la première fois au Louvre en 2013, dressé dans la première salle, est quant à lui monumental et magnifique. C’est un peu comme si l’histoire de la peinture occidentale était déposée ici.

Polyptique face « jaune-ocre et bleue »
Polyptique face « bleus verts et rouge »

On peut circuler du regard d’un panneau à l’autre, les assembler visuellement ; apprécier chacun d’entre eux pour lui-même, réminiscence de paysages par ci, évocation des couleurs sacrées du polyptique
de référence par là
. Une face est plus directement en lien avec le sacré (?). Y dominent les jaunes et les orangés ainsi qu’un bleu cobalt très vif. Une autre face est plus évocatrice de paysages et d’architectures. Y dominent les verts, bleus et bruns avec une présence centrale, marquée de rouge sang.

On peut, comme pour l’Âge d’or et l’Absinthe, des deux côtés cette fois-ci, reculer pour sentir la force de l’ensemble ou avancer jusqu’à frôler les panneaux et découvrir une profondeur insoupçonnée de loin.

Les possibilités sont infinies.

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