C’est le hasard d’une promenade de retour à Figeac. Regarder les vitrines, se mêler aux passants qui font leurs courses de Noël. Saluer la ville en reliant les deux rives du Célé, prendre pour cela les ruelles de la ville médiévale, s’en écarter le temps de franchir la passerelle à partir du quai Bessières.
De l’autre côté, rive gauche et sur la gauche de la passerelle, en contrebas, cette statue que l’on ne voit jamais bien. Placée trop bas pour les passants qui rejoignent leurs voitures garées sur le parking, ils ne la voient pas. Située à mi-hauteur quand on prend la promenade du quai, sans recul – une barrière nous sépare du Célé, on ne la perçoit pas bien.
Cet après-midi, le ciel s’est dégagé. La masse sombre de la statue se détache sur le fond clair d’un ciel encore chargé à l’ouest. Son profil antique attire l’œil. C’est ce que j’ai vu et c’est ainsi que j’ai enfin pu prendre une photographie de cette sculpture oubliée. Pour cadrer, j’ai pris le repère de la croix du Cingle. Quand on sait qu’à la base de cette croix, est sculptée une figure féminine associée à la mémoire des victimes de la Rafle du 12 mai 1944, on peut se dire que les deux œuvres, à défaut de se répondre, marquent cette rive figeacoise du Célé.


Car « Hommage au Quercy » – c’est le nom de cette sculpture placée au bord de la rivière – n’est arrivée là qu’en 2009, alors qu’elle a été conçue et réalisée en 1964 pour être située sur la place Léon Besombes où elle est restée jusqu’en 1995.
Elle est pourtant l’œuvre d’un artiste connu, André Arbus (1903-1969), architecte, décorateur ensemblier et, aussi, sculpteur. Né d’une vieille famille d’ébénistes toulousains, André Arbus est formé à l’École des Beaux-Arts de Toulouse, puis participe à l’Exposition Internationale des arts décoratifs et industriels modernes dès 1925 ainsi qu’aux Salons des Artistes Décorateurs et d’Automne. Professeur à l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs, il réalise de nombreuses installations privées (notamment la décoration de paquebots) et reçoit d’importantes commandes de l’État : Ministère de l’Agriculture, Instituts de France à Bucarest et à Stockholm, Salon du Palais du gouvernement à Dakar, etc.
« Hommage au Quercy » a été réalisée à la demande de Georges Juskiewensky, maire de Figeac. La vente de « l’Hôtel des Postes » au ministère des P & T doit servir à aménager la place Léon Besombes en jardin public et gare routière. Il propose de demander à André Arbus de créer une œuvre spécifiquement conçue pour ce lieu.
André Arbus explique : « C’est un hommage au Quercy. La femme tient une feuille de chêne. Elle est en bronze. Ses proportions sont symboliques de l’idée que j’ai de cette région où l’on sent l’influence languedocienne et italienne, en même temps que les paysages rigoureux et bien construits des Causses. Dans nos régions, la place reste toujours le forum, c’est là que bat le cœur de la ville. La voix de la nature et le murmure des eaux jaillissantes appellent les hommes à l’harmonie et à la paix ».
Et voilà son œuvre dé-placée, au sens fort du terme !
Pour suivre les tribulations figeacoises de la sculpture d’André Arbus :
https://www.ladepeche.fr/article/2018/03/30/2769974-la-statue-d-arbus-ancree-pres-du-cele.html
Et pour avoir une idée du talent de cet ébéniste, décorateur et architecte :
Zoom sur … André ARBUS (1903-1969), un grand décorateur du XXe siècle : https://www.guery-encheres.com/post/zoom-sur-andr%C3%A9-arbus-1903-1969-un-grand-d%C3%A9corateur-du-xxe-si%C3%A8cle




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