A chaque époque son pavillon : les Charmettes, Mondeville

A l’angle des rues Varlin, Jaurès et Ferry, ce petit pavillon garde l’entrée du quartier des Charmettes à Mondeville.

*quand on arrive dans les Charmettes en venant de Caen (en face, le grand réfrigérant ; à droite du pavillon, le clocher de Marie Madeleine Postel)*

*en se décalant dans l’axe de la rue Ferry*

*en se plaçant dans l’axe de la rue Jaurès*

Quand on vient de Caen Charlotte Corday, on franchit d’abord le chemin de fer, première frontière et on tourne à gauche. Là commence (ou finit) ce quartier de pavillons construits avec la loi Loucheur (1928) qui a permis à des familles modestes d’accéder à la propriété dans de petits pavillons. Il s’agit ici de familles de cheminots et d’ouvriers de la métallurgie.

A partir de cet angle de rue, on a le choix entre trois directions. A gauche, la rue Varlin qui marque la limite ouest du quartier. En face, la rue Jean Jaurès : dans la perspective, on aperçoit sur le plateau, le grand réfrigérant, rescapé du démontage et de l’arasement du site de la Société Métallurgique de Normandie. A droite, la rue Jules Ferry qui marque la limite est du quartier et conduit en léger contrebas à l’église Marie Madeleine Postel construite par l’architecte caennais Pierre Auvray en 1935-1936. On en voit l’impressionnant clocher de pierre sur armature de béton.

Le quartier est posé sur un plateau, moins haut que celui qui a accueilli la première usine métallurgique en 1913. Une partie du domaine de Bellemaist a été lotie pour construire ces maisons ouvrières. De ce domaine, il reste le château situé en contrebas et en direction de l’ancien hameau de Cloppée. Ce bâtiment accueille aujourd’hui le Conservatoire à Rayonnement Intercommunal (C.R.I.) – Conservatoire de musique et de danse. A sa construction au XVIIIème siècle, il s’agit d’un « simple » pavillon de chasse, propriété de la famille Turgot.

Avec les Charmettes et son petit pavillon, c’est la trajectoire de Mondeville qu’on peut saisir.

Longtemps, Mondeville a présenté cet aspect de hameaux dispersés près de l’Orne et du Biez que l’on perçoit encore sur la carte d’état-major.

*carte d’état-major (Géoportail). Dans le cercle rouge, le futur site des Charmettes*

Les pavillons de chasse de la bourgeoisie se mettent en place aux XVIIe et XVIIIe siècle (château du Vast, château de Bellemaist). Le chemin de fer touche ensuite Mondeville où est installée la première gare de Caen en 1855 avant qu’elle ne soit déplacée de quelques centaines de mètres à son emplacement actuel. Les premiers cheminots s’installent dès les années 1870 cité Marlaud (près de Caen, de l’autre côté de la voie ferrée entre la route de Rouen et celle de Paris) et, déjà, rue Varlin (les Charmettes). L’installation de la Société des hauts fourneaux de Caen (par August Thyssen) transforme Mondeville en ville industrielle avec ses cités, sa mairie monumentale et sa nouvelle église tout aussi monumentale. Le centre de Mondeville se déplace, du bourg ancien autour de Notre-Dame-des-Prés vers ce nouveau bourg rue Chapron, tout près des Charmettes.

*la photo aérienne et la carte topographique des années 1950 pour saisir la morphologie de ce quartier*

Plus tard, le périphérique a coupé le quartier du reste de Mondeville sur son bord nord-est (vers le Plateau). Il faut passer dessous au moyen de tunnels, deux routiers et un troisième pédestre. D’autres transformations ont eu lieu : la fin de la métallurgie, le développement des grandes infrastructures de consommation (Mondeville 2), l’extension par vagues du pavillonnaire loin en arrière du Plateau, sur d’autres communes à l’est de l’agglomération caennaise.

la trajectoire des pavillons : cercle orangé (pavillon de chasse XVIIIe) ; cercle bleu (pavillon ouvrier années 1930) ; cercle jaune (pavillon classes moyennes et populaires – souvent hors du cadre de cette image, plus à l’Est)

La promenade aux Charmettes, le dimanche après-midi quand le périphérique est un peu moins bruyant, c’est tenter de revivre l’espace des pavillons de l’Entre-deux-guerres.

Pour prolonger la promenade

Quelques cartes postales des années 1950