Le ciel et l’eau, le bocage autour et les canaux au cœur, les saules et les roseaux, le marais vert puis la blanchie, reviendront les prairies. De loin, un clocher pointe le ciel.
On se rapproche, c’est une petite ville entre les marais, aux confins du Bessin, du Nord-Cotentin et du Sud-Cotentin que séparent les marais des vallées de la Vire, de la Douve et de leurs affluents. Carentan.
Inauguré en 1847, son port actuel conduit à la mer par le canal du Haut-Dicq. Après les dégâts causés par le Débarquement de juin 1944, la destruction des écluses et la reprise de l’ensablement des canaux, l’activité portuaire reprend en 1981, cette fois-ci uniquement pour l’accueil de bateaux de plaisance.
Les marais à Carentan : on les voit depuis la promenade le long des quais du canal du Haut-Dicq.
Ancienne friche industrielle, le site de l’usine Gloria laisse place à un aménagement paysager conçu à l’image de ces marais, comme si la ville cherchait à s’y ancrer après avoir connu la prospérité du commerce international (associée à la société anglaise Denny, la beurrerie Lepelletier exporte ses produits en Angleterre, au Brésil et en Australie, avant d’être vendue en 1920 à la société américaine Carnation Company détentrice de la marque Gloria), puis sa décadence (l’usine Gloria ferme en 1994).
On peut trouver dans Carentan quelque image de cette gloire maritime passée : la représentation sur la façade d’une maison d’armateur, d’un bateau à propulsion mixte, voile et vapeur, qui selon la tradition, aurait séjourné dans le port de Carentan en 1875. Les occupants de cette maison, Elisabeth Lepelletier et son mari, font planter la palmeraie adjacente, située aujourd’hui derrière le lycée Sivard-de-Beaulieu.
Ce dimanche, dans le port de Carentan, on trouve la reconstitution d’un drakkar (le Dreknor, contraction de drekki – dragon – et de Nordmannia – Normandie – réplique du bateau de Gokstad, construit à la fin du IXe siècle et mis au jour en Norvège en 1880) et une réunion de régatiers de modélisme nautique.
Les paysages des marais ont moins marqué l’histoire de la peinture que ceux des plages de l’estuaire de la Seine et du Calvados plus proches de Paris et plus appropriés aux plaisirs balnéaires en vogue. Ci-dessous ; le port de Carentan par Félix Benoist (1818-1896) peintre et lithographe ; le marais par Emile Ancellet (1865-1951), huile de 1911 ; le marais de Carentan gelé en hiver et le marais de Carentan en été par Jacques Billiau, peintre contemporain.
Mais Carentan est devenu Carentan-les-Marais.
Les cartes postales s’adaptent à ce nom qui joue sur la proximité du bourg avec le Parc Naturel Régional des Marais du Cotentin et du Bessin ; peut-être aussi sur l’association des marais avec la mémoire des opérations du Débarquement (bataille de Carentan, du 6 au 13 juin 1944).
Pour poursuivre la promenade :
le site de la DREAL Normandie, pour découvrir la section de l’Atlas des paysages de Normandie consacrée à la baie des Veys, ses plages et marais arrière-littoraux : https://www.normandie.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/atlas_paysages_manche-up10-baie-des-veys-vf.pdf
le site du PNR des Marais du Cotentin et du Bessin : https://parc-cotentin-bessin.fr/
le site de l’agence qui a conçu l’aménagement du site Gloria : https://www.agence22degres.fr/touslesprojets/gloria
l’un des sites qui a permis de collecter les fonds nécessaires à la construction de la stèle à la mémoire du major Tucker : https://fr.ulule.com/unestelepourtucker/
le site de l’Office de Tourisme de Normandie et l’exploitation de la mémoire de la bataille de Carentan : https://www.ot-baieducotentin.fr/d-day/lieux-phares/carentan/
des nouvelles du Dreknor : https://www.ouest-france.fr/normandie/carentan-les-marais-50500/video-apres-avoir-coule-le-dreknor-remis-a-flot-dans-le-port-de-carentan-8a88d693-3690-37e2-ba8a-bbb5ff9e6193
Et un texte de Martin De La Soudière (2023). Le marais, entre terre et ciel. Par monts et par vaux Petit abécédaire des paysages (p. 135-144). Anamosa. https://shs.cairn.info/par-monts-et-par-vaux–9782381910680-page-135?lang=fr.
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