Port-en-Bessin : la vie des bateaux

Les bateaux, quand les marins-pêcheurs ne sont pas en mer, se trouvent à quai dans les deux bassins du port.

Port-en-Bessin (photographie : Jean-François Thémines, 27 avril 2025)

Certains sont en entretien au chantier naval derrière la criée.

L’Alliance en entretien. Remarquer, à l’arrière, l’élévateur à bateaux de 300 tonnes
L’Alliance, de Port-en-Bessin, vue arrière

D’autres, anciens, sont en restauration. Des planches travaillées pour réparer leurs coques sont entreposées.

D’autres encore ont été restaurés à l’initiative de l’Equipage de la Jolie brise, association du patrimoine maritime normand. Plusieurs, dans le second bassin, attendent leurs passagers pour des sorties en mer : la Saint-Jacques (1944), la Julien Germaine (1945), la Jolie Brise (1953) et le Neptune (1961).     

Les bateaux de La Jolie Brise dans le premier bassin

En haut de la rue qui conduit au port, l’église Saint-André contient plusieurs ex-voto représentant des bateaux de Port-en-Bessin. Ils sont là en témoignage de reconnaissance et, pour certains, en mémoire d’équipages péris en mer.

La Bienheureuse Thérèse, ex-voto. Victor Colleville est un de ses matelots disparus

C’est le cas de la « Bienheureuse Thérèse », chalutier construit en 1947 à Caudebec (Seine Maritime) et basé à Port-en-Bessin, disparu avec ses six hommes d’équipage le jeudi 14 octobre 1976 dans une violente tempête au large de Boulogne. Peu de temps après, un autre chalutier de Port-en-Bessin, l’Agnès Didier retrouve le canot de sauvetage vide ainsi que des morceaux de passerelle. Le caboteur Couéron, en route vers Cherbourg récupère une bouée appartenant à « Bienheureuse Thérèse » au large d’Aurigny dans les îles Anglo-Normandes.

D’autres ex-voto installés dans le chemin de croix
Deux ex-voto posés au sol dans le choeur, de part et d’autre de l’autel

Dans l’église, on trouve aussi une représentation de Marie protectrice des marins pêcheurs ainsi qu’une maquette de frégate de la SNSM placée sous la protection de Notre-Dame des Feux et devant un vitrail rappelant un passage de l’Evangile selon Matthieu (homme de peu de foi…).

Une fois tous les quatre ans, lors de la Bénédiction de la mer, les ex-voto sortent de l’église et vont en procession jusqu’au port. Puis une procession nocturne rejoint Notre-Dame-des-Feux située au-dessus du port. Enfin, le lendemain une procession nautique conduit les bateaux hors du port pour la bénédiction proprement dite et l’hommage aux marins disparus.

Les ex-voto lors de la procession lors de la Bénédiction de la mer 2018 (crédit photographique : Frédéric Bourgeois)

En mai 2023, lors de la dernière célébration en date, le navire amiral était le Vauban. C’est un chalutier en acier de 25 m construit en 1992 à Courseulles-sur-Mer (Calvados), armé pour la pêche hauturière.

Le Vauban, comme la Tour Vauban au-dessus du port, en effigie
Le Vauban, décoré, sort du bassin lors de la Bénédiction de la mer 2023

Son patron est Wilfried Roberge et l’équipage comprend trois de ses fils.

« Je mets tout en œuvre pour les former comme l’a fait mon père. Un jour, ce sera à leur tour et ce ne sera pas simple. On ne doit pas industrialiser la pêche. Il y a le problème des licences de pêche dans les eaux anglaises après le Brexit. Il faudra aussi s’adapter aux éoliennes en mer. Limiter les chalutiers pélagiques. Réglementer certaines techniques de pêche. Comme la senne danoise qui, si elle est mal employée comme c’est le cas aujourd’hui par les bateaux hollandais de taille démesurée en Manche, est dévastatrice pour la ressource. Le Vauban est équipé, mais je me refuse à l’utiliser pour ne pas détruire ce que la mer nous donne. À nous de trouver les solutions pour demain » (Wilfried Roberge, 2022, https://actu.fr/normandie/port-en-bessin-huppain_14515/a-bord-du-chalutier-vauban-wilfried-roberge-et-ses-trois-fils-perpetuent-la-tradition-de-la-peche-hauturiere-a-port-en-bessin_55217114.html)

Port-en-Bessin, Célébration de la mer 2023 (Crédit photographique : Ouest-France)

Au moment de la célébration de 2023, cela fait un peu plus de deux mois que le patron du chalutier Calista a perdu la vie à la suite d’un naufrage au large de Barfleur. Son nom est gravé sur la plaque commémorative dédiée à la mémoire de tous ces pêcheurs dans l’église Saint-André.

Monument à la mémoire des marins péris en mer de Port-en-Bessin, depuis 1810

Ainsi va la vie des bateaux, de leurs équipages et de leurs familles à Port-en-Bessin.

Pour continuer

le site du mémorial national des marins d’Etat, de commerce et de pêche  « Morts pour la France » : https://memorial-national-des-marins.fr/

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