Comme il y a des villages ou des villes dortoirs, il y a des quartiers de jour.
Là, des gens travaillent, passent, vont et viennent entre lieu d’activité, lieu de formation et lieu de restauration. C’est là où ils se rendent et d’où ils repartent à la journée ou la demi-journée en semaine.
Le péricentre, à Caen, est un de ces quartiers.

Pas sûr qu’il soit d’ailleurs tout à fait un quartier. Il est percé en son milieu par l’avenue de la Côte de Nacre, amorce de la principale sortie Nord de Caen, vers la Côte du même nom. Et, sur ses bordures Est (Pierre Heuzé) et Ouest (Calvaire Saint-Pierre) ses limites sont moins nettes que ne l’est cette avenue-trouée centrale. Il y a bien deux rues : l’avenue de Thiès à l’Ouest et la rue de la Délivrande à l’Oues mais c’est moins tranchant. Au Nord (Périphérique Nord) et au Sud (Avenue Copernic et rue Jules Verne), c’est plus clair : les axes routiers font des limites franches.




Mais il est certain que ce quartier vit de jour.
Sur les documents d’urbanisme, c’est un « pôle » ou une « zone » d’activités.

A l’échelle de l’agglomération, c’est un pôle secondaire (voir carte réalisée par Tristan Capron, dans l’Atlas social de Caen : https://atlas-social-de-caen.fr/index.php?id=945). Entre le Campus de l’Université au Sud et le plateau Nord en restructuration, pôles d’emplois plus importants, c’est une sorte d’espace de transition, un sas entre la ville et sa périphérie en direction de la mer. On peut ne pas le voir…
Il a pourtant une forme d’unité que sa conception architecturale imprime sur les pratiques de ses habitants-travailleur-ses. Il est composé de cinq ensembles de bâtiments (Péricentre 1, 2, 3, 4 et 5) disjoints que des constructions intercalaires ou bordières insèrent dans le tissu urbain. Quelquefois, ces numérotations qui n’ont guère contribué à donner au Péricentre une identité autre que fonctionnelle sont très visibles. D’autres fois (péricentre 1 et péricentre 2), les appellations se sont presque effacées.





Mais c’est l’amorce d’un jeu de pistes pour les retrouver…
Car ce quartier est plein de pistes. En plus d’être ouvert sur l’avenue centrale, elle-même doublée en son cœur, désormais, d’une voie cyclable protégée, il autorise une circulation piétonne souple entre les bâtiments, voire sous certains d’entre eux. A le cartographier à partir des pratiques de ses habitants-travailleurs diurnes, on obtiendrait sans doute des entrelacs, au bout de tunnels produits par l’usage de la voiture ou du tramway (arrêt Copernic).




Ce sont ces pistes que connaissent les habitués du quartier. J’en suis. Pas de nécessité de longer les flux automobiles. On coupe, on passe par les arrières. A certaines heures, des gens pausent, discutent, fument au pied des immeubles de bureaux. Le midi, on mange dans l’un des trois établissements le long de l’avenue, si l’on ne mange pas sur son lieu de travail (comme ces étudiants que je vois en rez-de-chaussée au péricentre 4 avec leur sandwich, dans la salle où ils suivent leur formation, quand il fait mauvais dehors).
Le péricentre, c’est un quartier de services aux entreprises, d’agences bancaires, d’encadrement administratif et de formation (publique et privée).
Guère de repères architecturaux visibles. Ces repères sont extérieurs : le CHU au Nord, les Archives départementales à l’Est, le réservoir de la Girafe (spectaculaire château d’eau « polypode »), au Sud-Est, le quartier du Calvaire Saint-Pierre, archétype de ZUP à l’Ouest.



Discrète, l’architecture du péricentre n’en est pas moins intéressante. On peut aimer (j’aime) ces formes géométriques sans qu’elles ne soient raides, ces perspectives courtes ménagées pour stimuler les perceptions chez les piétons sans qu’elles ne les enferment (et elles protègent du vent sur ce plateau), ces surfaces à parement différencié sans être compliquées, ces coins de pelouses avec arbres qui peuvent fugacement évoquer les terres auxquelles elles se sont substituées lorsque la ville a poussé vers le Nord.





C’est un dimanche après-midi de mai. Il fait beau. Il n’y a personne…
Ou presque : nous découvrons un lieu d’activités ouvert ce dimanche après-midi 18 mai 2025. C’est Bim Bam Buzz : un Quiz Room installé depuis quelques mois. Un Quizz Room, c’est, je cite, « l’expérience à ne pas louper pour vos sorties entre potes, vos séminaires, anniversaires, team building, EVG/EVJF ou moments en famille. Avec des quiz et blind-tests immersifs, votre équipe s’éclate dans une ambiance fun et mémorable ! ».
Notre Quizz Room à nous, a été urbain. En reliant les cinq éléments du Péricentre (nous avons fini par retrouver le 2 presque effacé), nous avons recoupé nos pistes d’habitués travaillant à proximité immédiate de ce péricentre. Et nous avons tourné autour du quartier pour mieux le circonscrire, comme si nous mettions en pelote l’entrelacs qu’il forme pour tous ses habitants de la semaine.
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